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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/171

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

jamais occupé, on va cinq ou six à la fois pour le balayer, il y a je ne sais combien de chambres de plain-pied d’une grandeur immense, et il est dangereux de rester là seul. On ne l’ouvre que pour le montrer aux étrangers, à cause de la beauté des peintures des plafonds et des superbes tapisseries de haute lice représentant l’histoire d’Esther et de Judith, qui revêtent les murs. On dit que ces tapisseries sont ce que les Gobelins ont fait de plus beau. »

Madame d’Orléans avait laissé de cruels souvenirs de son passage à l’Abbaye-aux-Bois.

« On racontait, dit la jeune princesse, que, du temps de madame d’Orléans, qui était un monstre de cruauté, elle avait fait fustiger plusieurs religieuses à les laisser pour mortes ; elle en avait fait renfermer d’autres ; quelquefois elle faisait chanter l’office à ces dames pendant toute la nuit. Pendant ce temps-là, M. le régent entrait dans son appartement, et elle passait la nuit à rire, à se divertir, à manger et à faire cent sortes de folies devant les jeunes religieuses qu’elle s’était choisies, Elle disait qu’elle faisait passer la nuit en prières à ces dames pour expier les péchés qu’elle commettait. On dit qu’elle se déshabillait toute nue et faisait venir des religieuses pour l’admirer,