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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/182

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

Nous sommes en un lieu par la grâce habité,
Où l’on vit dans la paix et la tranquillité.
L’innocence, qui fut leur compagne éternelle,
S’y plaît et n’eut jamais d’asile plus fidèle.

 

à madame de rochechouart



Tout un peuple naissant est formé par vos mains,
Vous jetez dans son cœur la semence féconde
Des vertus dont il doit sanctifier le monde.
Ce Dieu qui vous protège, ici, du haut des cieux,
À commis à vos soins ce dépôt précieux,
C’est lui qui rassembla ces colombes timides
Afin que vous soyez leur secours et leur guide.
Grand Dieu que ses bienfaits aient place en ta mémoire*
Que les soins qu’elle prend pour soutenir ta gloire,
Soient gravés de ta main au livre où sont écrits
Les noms prédestinés de ceux que tu chéris !
Tu m’écoutes, ma voix ne l’est point étrangère,
Je t’implore souvent pour celle qui m’est chère ;
Elle-même t’envoie ses plus tendres soupirs ;
Le fou de ton amour allume ses désirs.
Le zèle qui l’anime au lever de l’aurore,
Au coucher du soleil, pour toi l’enflamme encore.
Tu la vois tous les jours donner de grands exemples,
Baiser avec respect le pavé de tes temples.
Ô vous, qui vous plaisez aux folles passions
Qu’allument dans vos cœurs de vaines fictions,
"Profanes amateurs de spectacles frivoles
Dont l’oreille s’ennuie aux son de mes paroles,
Fuyez de nos plaisirs la sainte austérité :
Tout respire ici Dieu, la paix, la vérité[1].

  1. Ce bizarre mélange du prologue d’Esther et d’autres vers de Racine avait été accommodé par M. de la Harpe.