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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/233

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

sen, il apprit la nouvelle de la naissance d’un fils.

« J’ai un fils, écrit-il tout joyeux. Ah ! comme je vais l’aimer, je voudrais déjà le lui écrire… Si je reviens de cette guerre, je lui dirai : « Soyez le bienvenu, je parie que je vais vous aimer de tout de mon cœur. »

En effet le prince avait trop souffert des rigueurs de son père pour les imiter ; tous ses enfants furent élevés avec une grande tendresse, mais il ne put jamais se défendre d’une prédilection marquée en faveur de l’aîné, le prince Charles, prétendant de notre jeune princesse. Il lui apprit lui-même ce qu’il savait le mieux, « se battre en gentilhomme ». Le petit prince, encore enfant, fut conduit au feu par son père. « Je fis, dit-il, engager un petit combat d’avant poste avec les Prussiens, et m’élançant à cheval avec lui, je pris sa petite main dans la mienne tout en galopant, et, au premier coup de fusil que je fis tirer : « Il serait joli, mon Charles », lui dis-je, « que nous eussions ensemble une petite blessure ». Et il riait, jurait, s’animait et jugeait ! » Après avoir suivi l’école de Strasbourg[1] pen-

  1. Il y avait alors, à Strasbourg une école d’artillerie très renommée, elle était commandée par de Marzy. L’Alsace appartenait alors à la France, par le traité de Ryswick,