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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

» Il aété très aimable pour moi. Il craint toujours qu’on ne fasse le docteur avec lui. Il a été content de mes troupes, et m’a dit beaucoup de bien de vous, mon cher Charles, qu’il a vu travailler comme une merveille. Le voilà parti, je le vois encore depuis ma fenêtre.

» Je ris de moi et des autres, quand je pense que, point apprécié, je trouve que je vaux mieux qu’on ne croit. J’exerce ici chaque peloton moi-même. Je m’égosille à commander six bataillons à la fois.

» Il n’y a pas, ce qu’on appelle, en Bohême, un kaloup, la plus mauvaise baraque, où il y ait seulement quatre soldats, que je n’aille visiter, pour goûter leur soupe, leur pain, peser leur viande, pour voir si on ne les trompe pas. Il n’y en a pas un à qui je ne parle, à qui je ne fasse avoir des légumes, à qui je ne donne quelque chose ; pas un officier à qui je ne donne à manger, et que je ne tâche d’électriser pour cette guerre-ci. Mes camarades ne font rien de tout cela, et c’est très sage à eux, car on ne leur en sait pas mauvais gré. Pas un ne se soucie de la guerre, ils tiennent les propos les plus pacifiques vis-à-vis des jeunes gens qu’ils veulent rendre avec le temps aussi zélés et bons généraux. C’est encore très bien.