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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/241

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

de sang-froid et de valeur, au milieu du danger. Son pére en parle sans cesse avec une fierté qu’il ne peut cacher : « Charles va au feu à merveille, je ne puis retenir son ardeur, il a une présence d’esprit, un entrain et une gaieté qui encouragent tout le monde, je dois dire en passant que l’empereur est fort content de lui. » C’est ainsi que s’exprime le prince dans le récit, pittoresque et charmant, qu’il nous a laissé de cette guerre de Bavière, qui eut pour trait particulier que pas un coup de fusil ne fut tiré en Bavière et que deux armées de plus de cent mille hommes, commandées l’une par le roi de Prusse et l’autre par l’empereur d’Autriche, demeurèrent en présence pendant neuf mois sans se livrer bataille, se bornant à quelques escarmouches, ou combats d’avant-poste.

Le prince, désespéré de cette inaction[1], ne négligeait pas une occasion d’engager une affaire. Laissons-lui raconter celle de Pösig, qui fut la première à laquelle assista le prince Charles, et

  1. La guerre était une fête pour le prince de Ligne ; dès son enfance, il l’adorait. Il faut l’entendre parler d’une bataille : « Une bataille, dit-il, est comme une ode de Pindare : il faut y apporter un enthousiasme qui tient du délire ! Pour en bien parler, il faudrait, je crois, un moment d’ivresse comme lorsqu’on en gagne. »