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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/272

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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

d’un jugement sûr et d’un tact parfait, elle eût été pour sa belle-sœur, au début de sa vie de jeune femme, un guide affectueux et charmant ; mais il n’était pas possible d’usurper cette emploi dévolu, par avance, à la princesse mère, qui, jalouse de ce droit, ne l’eût cédé à personne.

La princesse de Ligne jouait un rôle fort important, si ce n’est dans le cœur de son mari, du moins dans sa maison. Le prince reconnaissait volontiers le mérite de sa femme, il avait pour elle de grands égards, et les formes les plus aimables. « Ma femme, disait-il, est une excellente femme, pleine de délicatesse, de sensibilité, de noblesse, et point du tout personnelle. Elle a souvent de l’humeur, mais cette mauvaise humeur passe vite en se fondant dans ses yeux baignés de larmes et cette humeur n’a aucun inconvénient, parce que ma’femme a un excellent cœur. » Il n’était pas difficile au prince de prendre aisément son parti de l’humeur de sa femme ; car il n’en souffrait guère. Il n’en était pas de même pour les enfants ; il faut convenir, du reste, que ces inégalités étaient souvent motivées : non seulement son mari lui faisait des infidélités sans nombre et sans mystère, mais il dérangait sans cesse ses affaires, et, malgré la fortune considérable qu’il