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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/337

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

l’éclat de sa beauté ; son fils âgé de deux ou trois ans était dans ses bras : « C’est à vous que je le confie, » dit-elle en leur présentant l’enfant, qui se mit à pleurer. L’empereur, en racontant cette histoire, ajoutait que sa mère, qui connaissait la science des effets, lui pinça ses petites fesses en le présentant aux Hongrois : « El voilà mes moustaches qui, touchées des cris d’un enfant qui avait l’air de les implorer, tirent leurs sabres et jurent sur leurs lames turques, de défendre, jusqu’à la dernière goutte de leur sang, le fils et la mère[1] ! » En dehors du petit groupe de la société du Belvédère, de nombreuses maisons étaient ouvertes à Vienne. La princesse Lubomirska[2], appelée communément princesse maréchale, avait un des salons les plus brillants. Son esprit original et imprévu, sa manière de dire piquante et distinguée tout à la fois donnaient à son salon un cachet de gaieté tout particulier. Elle défendait de parler

  1. Fragment de Mémoires inédits du prince de Ligne, publiés par la Revue nouvelle, 1840, et Albert Lacroix à Bruxelles.
  2. La princesse Lubomirska était cousine du roi Stanislas-Auguste. Il en parle souvent dans sa correspondance avec madame Geoffrin et la désigne sous le nom d’Aspasie. Elle était née Czartoryiska et résidait alternativement à Vienne, à Varsovie et dans sa magnifique terre à Lancut. Une grande partie des terres de la princesse étaient situées dans la Galicie autrichienne.