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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/339

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

une coquetterie patriotique à l’emporter sur les Viennoises.

La princesse Charles aimait passionnémenl la musique, et avait une loge au théâtre de la cour. Don Juan venait d’être représenté à Prague avec un grand succès, en l’honneur de l’arrivée de la duchesse de Toscane, femme de Léopold. Mozart était allé en personne diriger les répétitions. L’empereur Joseph, au moment de partir pour l’armée, fit presser Mozart de revenir immédiatement pour monter la pièce à Vienne. On répéta rapidement, la représentation eut lieu devant un public nombreux. Hélène y assistait, ainsi que toute la noblesse viennoise. Don Juan fut admirablement chanté ; mais le public demeura glacé, à quelques exceptions près, dont Hélène faisait partie. L’empereur, qui avait trouvé la musique admirable, fut piqué de la froideur des assistants :

— C’est une œuvre divine, dit-il à Mozart, qu’il fit venir dans sa loge, mais ce n’est pas là morceau pour mes Viennois !

— Il faut leur laisser le temps de le goûter, répondit modestement l’auteur ; il convenait mieux au public de Prague, mais je ne l’ai fait que pour moi et pour mes amis.

En sortant du théâtre, une partie des spectateurs