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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/341

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

On voit qu’un hiver à Vienne pouvait se passer d’une manière très agréable, mais la société de Vienne ne plaisait pas à Hélène. Parisienne dans l’âme, elle s’y trouvait dépaysée. Son mari, en revanche, qui connaissait depuis son enfance les principales familles de la cour, s’y sentait infiniment plus à l’aise qu’à Paris. Il était intimement lié avec toutes les jeunes femmes, amies de ses sœurs. L’une d’elles, entre autres, le traitait avec la familiarité affectueuse d’un camarade d’enfance : c’était la comtesse Kinsky, née Dietrichstein, et belle-fille de la princesse qui présidait le Belvédère. On pouvait difficilement rencontrer une femme plus séduisante, et son histoire romanesque ajoutait encore au charme de sa personne. Les parents du comte Kinsky et les siens avaient arrangé entre cux le mariage de leurs enfants, auxquels ils ne demandèrent point leur avis. Le jeune comte était en garnison dans une petite ville de Hongrie, il n’arriva que pour la célébration du mariage. Aussitôt après la messe, il conduisit sa jeune femme chez elle, lui baisa la main et lui dit : « Madame, nous avons obéi à nos parents, je vous quitte à regret, mais je dois vous avouer que, depuis longtemps, je suis attaché à une femme sans laquelle je ne saurais vivre ; et vais la re-