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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/343

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

faut reconnaître que, malgré le rapprochement passager amené par la naissance de la petite Sidonie, les deux époux étaient devenus indifférents l’un à l’autre. Le prince n’avait pas oublié l’ironie dédaigneuse avec laquelle sa femme le traitait à Paris et il n’était point fâché de lui prouver qu’à Vienne il jouait un tout autre rôle. En somme, ni l’un ni l’autre n’avait fait un mariage d’amour. Quelques rapports de goûts, les convenances sociales les avaient liés d’amitié ; ce sentiment pouvait-il suffire à les défendre contre un plus vif, s’ils venaient à l’éprouver ?

L’hiver s’écoula ainsi. La révolution des Flandres avait pris d’inquiétantes proportions, il ne pouvait être question du retour à Bel-Œil. Le prince Charles, rappelé à son corps, servait sous le commandement du général de Lascy, et avait quitté Vienne depuis quelque temps. À peine était-il parti qu’Hélène lui écrivit pour lui demander la permission de se rendre auprès de son oncle à Varsovie, où la Diète allait s’assembler. Elle prit pour prétexte de ce voyage d’importantes affaires à régler avec le prince évêque. L’autorisation demandée fut obtenue facilement, à la condition de laisser le petite Sidonie aux soins de sa grand’mère, et Hélène partit au mois de septembre 1788.