EN L’ABBAYE ROYALLE DE NOTRE-DAME-AUX-BOIS
« Je suis entrée à l’Abbaye-aux-Bois un jeudi ; madame Geoffrin, l’amie de mon oncle, m’a menée d’abord au parloir de madame l’abbesse, qui est bien beau, car il est blanc et rayé en or ; madame de Rochechouart est venue aussi au parloir, et la mère Quatre-Temps aussi, car c’était la première maîtresse de la petite classe, où j’allais être.
» On a eu la bonté de dire que j’avais une jolie physionomie et une jolie taille, et de beaux cheveux ; je ne répondais rien, parce que j’avais oublié le français en chemin, puisque j’ai fait un voyage de si long cours, que j’ai traversé je ne sais combien de villes, toujours avec la poste qui jouait du cor de chasse. Je comprenais pourtant tout ce que l’on disait ; alors on a dit qu’on allait me faire rentrer pour me mettre l’habit de pensionnaire, et qu’après, on me ramènerait à la grille, pour que madame Geoffrin me voie. On a ouvert donc le guichet de la grille du parloir,