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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/37

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

et on m’a passé par là, car j’étais petite. On m’a amenée dans une chambre, à madame l’abbesse, qui était toute en damas bleu et blanc, et sœur Crinore m’a passé l’habit ; mais, quand j’ai vu qu’il était noir, je me mis si fort à pleurer, que c’était pitié de me voir ; mais, quand on m’a mis les rubans bleus, cela m’a un peu consolée, et puis la régente a apporté des confitures que j’ai mangées, et on a dit que, tous les jours, on en mangeait comme cela.

» On m’a bien caressée, toutes les grandes demoiselles de service à l’abbatiale venaient me regarder, et j’entendais qu’on disait : « Pauvre petite, elle ne sait pas le français ; faut lui faire parler polonais, pour voir quelle langue c’est ! » Mais moi qui savais qu’on se moquerait de moi, je n’ai pas voulu parler. On disait que j’étais bien délicate. Là-dessus, on a dit que je venais d’un pays bien loin, que c’était de la Pologne, et on disait : « Ah ! que c’est drôle d’être une Polonaise ! »

» Cependant, mademoiselle de Montmorency me prit sur ses genoux et me demanda si je voulais qu’elle fût ma petite maman, et je fis signe que oui, car je ne voulais pas absolument parler que quand je parlerais comme tout le