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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/370

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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

nez-le un peu. » C’est ce que je fis, et il m’avoua qu’il était ingénieur des ponts et chaussées.

» Le baron de Stad fait ici mon bonheur. Il est bien Français, celui-là aussi, contrariant le prince, déplaisant à tout le monde, faisant des vers charmants, détestant la pétulance de Roger[1], avec qui il est toujours en querelle, et allant bien au coup de canon, tout en m’assurant qu’il meurt de peur. « Voyez, me dit-il, comme nature pâtit, mon cheval en tremble lui-même, et n’aime pas plus la gloire que moi. » Nous avons vu un autre personnage ridicule comme son nom, qui est Gigandé, lieutenant des gardes de l’abbé de Porentruy. Hier, on l’a volé. Furieux, avec son accent suisse :

  1. Le comte Roger de Damas (né en 1765, mort en 1823). À quinze ans, il était déjà officier dans l’armée française ; sa bravoure, son caractère chevaleresque, la vivacité de son esprit le firent remarquer partout : « François Ier, le grand Condé et le maréchal de Saxe auraient voulu avoir un fils comme lui, dit le prince de Ligne. Il est étourdi comme un hanneton au milieu des canonnades les plus vives et les plus fréquentes, bruyant, chanteur impitoyable, me glapissant les plus beaux airs d’opéra, fertile en citations les plus folles au milieu des coups de fusil, st jugeant néanmoins de tout à merveille. La guerre ne l’enivre pas, mais il est ardent d’une jolie ardeur, comme on l’est à la fin d’uu souper,… aimable, aimé de tout le monde, ce qui s’appelle un joli Français, un joli garçon, un brave garçon, un seigneur de bon goût de la cour de France : voilà ce que c’est que Roger de Damas. »