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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/395

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

fermer les yeux. Comment est-il croyable qu’une seule journée influe sur le reste de ma vie, car je le sens, désormais, vous seul ! »

Hélène disait vrai, et cette affection, déjà si profonde, ne devait s’éteindre qu’avec sa vie. Le comte répondit, à ce qu’il paraît, de manière à dissiper l’inquiétude de la jeune femme ; car voici le petit billet que nous trouvons soigneusement classé dans ses papiers[1] :

« Les quatre petits mots que vous m’avez écrits m’ont comblé de joie, je les ai relus dix fois, pendant ma toilette, et ce temps m’a paru doux. À vous revoir ce soir chez madame Jean[2]. »

Nous n’avons point de lettres du comte à cette époque ; mais, à en juger par les réponses d’Hélène, il devait se montrer despote et jaloux. Elle subissait ses exigences avec une soumission extraordinaire. Il exigea et obtint d’elle de brûler toutes les lettres de son mari et toutes celles de ses amis ; il fit lui-même un choix dans les nombreuses relations de la princesse à Varsovie, et finit peu à peu par la confiner dans un petit cercle où il régnait en maître absolu. Hélène accepta tout.

  1. Tous les billets d’Hélène, dont un grand nombre sont tout à fait insignifiants, ont été classés et conservés par le comte.
  2. Madame Jean Potocka, nièce du comte.