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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/399

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

velle mit le comble au désespoir d’Hélène ; elle vit la comtesse riant de sa peine, triomphant de ce départ et se préparant à rejoindre son mari et ses enfants. Une idée folle traversa son cerveau : elle sonna brusquement et donna l’ordre de faire atteler immédiatement une chaise de poste. Une demi-heure après, la princesse s’élançait en voiture, suivie d’une seule de ses femmes, et après un voyage d’une rapidité vertigineuse, elle arrivait à Niemirow quelques heures après le comte.

Celui-ci avait quitté Varsovie pour échapper à une situation insupportable, mais sans résolution bien arrêtée. L’arrivée inopinée d’Hélène acheva de le troubler ; sa beauté, sa tendresse, son désespoir, l’acte insensé qu’elle venait de commettre en lui sacrifiant sa réputation, tout se réunit pour émouvoir le comte, et le souvenir de la pauvre comtesse Anna ne put lutter contre tant de séduction : Hélène l’emporta, et, lorsque l’émotion des premiers instants fut calmée, ils décidèrent d’un commun accord de demander immédiatement le divorce, chacun de son côté.

La princesse, tremblant de voir revenir le comte en arrière, pressa vivement l’exécution de leurs projets, et, dès le lendemain, trois lettres partaient de Niemirow, l’une adressée à la com-