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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/406

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LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

Pendant que le prince de Ligne revenait à Vienne, les insurgés s’emparèrent de Gand et de Bruxelles, et, le 2 décembre 1789, ils déclaraient Joseph II déchu de la souveraineté des Pays-Bas. Deux mois après, l’empereur succombait à une maladie chronique aggravée par le chagrin et l’inquiétude[1]. Le prince de Ligne écrivit à l’impératrice Catherine : « Il n’est plus, Madame, il n’est plus, le prince qui faisait honneur à l’homme, l’homme qui faisait le plus d’honneur au prince. Il me dit, peu de jours avant sa mort, et à mon arrivée de l’armée de Hongrie que j’avais menée en Silésie : « Je n’ai pas été en état hier de vous voir. Votre pays m’a tué… Gand pris a été mon

    révolte jamais en hiver ». Le prince, d’ailleurs, qui n’aimait pas les révolutions, avait été indigné de celle des Flandres. « Si J’y étais, écrivait-il, je parlerais en patriote, mot qui commence à me devenir odieux, en citoyen, autre mot défiguré, et, si je ne réussissais pas, je parlerais en général autrichien, en faisant enfermer un archevêque, un évêque, un gros moine, un professeur, un brasseur et un avocat. »

  1. L’impératrice Catherine écrivait à Grimm : « Joseph Second s’est tué avec ses audiences à la centaine ; elles sont au moins inutiles et font perdre beaucoup de temps. C’est ce que je disais au défunt. Il savait tout, excepté la disposition des esprits à la révolte aux Pays-Bas. J’ai été témoin de son étonnement en recevant la première nouvelle ; il vint me consulter, voulant traiter la chose de bagatelle ; mais je pris la liberté de lui conseiller d’y porter l’attention la plus sérieuse. » Joseph II mourut le 20 février 1790.