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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/423

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

d’être à charge à qui que ce soit au monde, je voudrais plutôt vivre du travail de mes mains et ne balancerais pas à commencer par renvoyer tous mes gens et ne garder qu’une seule servante.

» Quant à mes effets, le peu que j’en ai, tels que livres, musique, quelques meubles, je ne les regarde plus comme à moi ; vous voudrez bien les prendre à compte de ce que je vous dois pour table, blanchissage, etc ; car, pour de l’argent, je nc peux pas vous en donner. J’ai fait une grande dépense ce mois-ci, que j’aurais tâché de ne pas faire si j’avais cru mes affaires en si mauvais état. J’ai acheté pour quarante ducats de toile pour faire des chemises, car j’en avais besoin, et il était difficile que je m’en passe ; on m’a fait voir de la belle toile, les occasions d’en trouver sont rares, j’en ai donc acheté. Si je me vois tout à fait en butte au malheur, j’aurai le courage nécessaire pour le supporter ; vous m’aimerez avec un fourreau de toile, comme avec un habit de soie et je me trouverai heureuse. Je ne me soucie pas de rentrer jamais dans le monde, j’ai connu de bonne heure tout ce qu’il avait de plus brillant, et je m’en suis lassée ; je ne me lasserai pas d’une vie modeste, même dans l’indigence, si vous m’aimez. »