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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/427

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

que vos Cosaques ne sont pas de trop pour rassurer une poltronne comme moi[1]. » Mais le prince passa sans s’inquiéter d’elle.

Enfin le comte s’annonça. « Comme le cœur me bat, écrit Hélène, quand je pense que le moment approche, qui va vous ramener près de moi. Que vous ayez bien ou mal fini mes affaires, je suis si occupée de votre retour, que je ne m’en affecte pas comme je le ferais dans tout autre temps. Je calcule les minutes, je ne fais que penser à quelle heure vous serez parti, à quelle heure vous pourrez arriver, et il me semble qu’il y a encore des siècles à attendre.

» J’espère que vous recevrez cette lettre sur les grands chemins ; je viens d’en recevoir une de mon oncle : il paraît qu’il n’est pas fâché contre moi et qu’excepté de m’aider de son pouvoir

  1. Les Cosaques habitaient les plaines de l’Ukraine et les rives du Borysibène (Dniester). Ces hordes féroces, qui ne vivaient que de rapines et de pillage, se nommaient autrefois Zaporogues (habitants des cataractes). La plupart des gentilshommes polonais de ces contrées avaient à leur solde quelques centaines de ces brigands qui faisaient trembler tout le monde. Ils appartenaient à ceux qui les payaient le mieux, et les cruautés commises par les Cosaques à la solde de Catherine, dans les massacres de l’Ukraine, dépassent tout ce que l’imagination peut créer de plus horrible (Voy. le Voyage en Ukraine du comte de la Garde, pour plus amples détails).