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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/439

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

gardé de le lui accorder, redoutant les imprudences auxquelles sa vivacité, ses opinions et son dévouement chevaleresque pouvaient l’entraîner.

Nous devons avouer que le prince de Ligne n’était pas un amant passionné de la liberté ; il prévit de bonne heure les entraînements de la Révolution, et écrivait en 1790 au comte de Ségur à propos de l’Assemblée nationale : « La Grèce avait des sages, mais ils n’étaient que sept ; vous en avez douze cents, à dix-huit francs par jour, sans mission que d’eux-mêmes, sans connaissance des pays étrangers, sans plan général, sans l’Océan qui peut, dans un pays dont il fait le tour, protéger les faiseurs de phrases et les lois. »

Le prince ne laissait échapper aucune occasion de donner des marques publiques de sa sympathie pour la famille royale. Il assistait un jour à une représentation de Richard Cœur de Lion sur le petit théâtre de Tournai. Le public se composait en grande partie d’émigrés français qui, pleins d’espérances et d’illusions, attendaient l’heure de rentrer dans leur patrie. Le prince ne put entendre sans émotion l’air de : Ô Richard ! ô. mon roi ! l’univers l’abandonne. Des larmes s’échappèrent de ses yeux ; le public, qui s’en aperçut, applaudit à tout rompre : « Au moment,