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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/51

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

« J’avais alors, dit-elle, une aversion pour bien écrire qui était terrible. M. Charme était bien mécontent de moi et m’avait remis à ne faire que des O, ce qui m’ennuyait beaucoup et aussi toute la classe se moquait de moi, ou disait que je ne saurais jamais signer mon nom. Ce n’est pas que je haïsse l’écriture, au contraire, j’écrivais toute la journée mes mémoires, comme c’était la mode parmi les grandes demoiselles dans ce temps et nous en avions voulu faire de même. Je barbouillais donc du papier toute la journée, mais c’était un griffonnage où il n’y avait que moi qui pût comprendre quelque chose, et, bien loin de me profiler, cela me gâtait la main. Mademoiselle de Choiseul écrivait souvent pour moi ; mais, comme on s’aperçut que ce n’était pas mon écriture, M. Charme se plaignit à la mère Quatre-Temps. Elle me demanda : « Mademoiselle, est-ce vous qui avez écrit cela ? » Je dis : « Oui, Madame, en vérité, c’est moi, » Elle dit : « Si c’est vous, faites devant moi sur-le-champ une page pareille. » Alors je fus bien embarrassée, j’aurais voulu me fourrer dans un trou de souris ; ce que je savais le moins faire, c’était des M et des N, et mon exemple était « Massinissa, roi de Numidie ». Or, comme chacun sait, dans ce nom-là, il y a beaucoup de jam-