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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/56

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

de Nagu, lui ordonne de me rendre mon livre, de me faire des excuses et la condamne à n’avoir pas de dessert à souper.

» Tout le monde plaignit Nagu, d’autant plus, que je n’étais point aimée, tout le monde m’appelait une rapporton, et l’on chantait à mes oreilles : « Rapporti, rapporta, va-t’en dire à notre chat qu’il te garde une place pour le jour de ton trépas. »

» Mais ce n’était pas tout : mademoiselle de Choiseul et mesdemoiselles de Conflans, mes trois amies, étaient absentes ; on inoculait la première, et les autres étaient à la campagne, je n’avais donc aucun soutien. En sortant du réfectoire, c’est la coutume de courir au plus fort pour arriver à la classe, les maîtresses restent pour lors en arrière ; j’eus la bêtise au lieu de rester près d’elles (car alors on n’aurait pu me rien faire) de courir une des premières ; je me trouvai malheureusement près de Nagu, qui me dit : « Ah ! je te tiens ! » et, en même temps, me donne un croc-en-jambes et me fait tomber sur le nez. Alors toutes ces demoiselles se mirent à sauter par-dessus mon corps, ce qui fait que j’attrappai tant de coups de pied que j’en étais moulue. Les maîtresses vinrent à moi ; on me ramassa. Et ces demoiselles disaient :