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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/65

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

« Je craignais extrêmement madame de Rochechouart dans ce temps-là, dit Hélène ; quand elle venait aux classes le matin et qu’elle faisait sa tournée, si par hasard elle me parlait, je me décontenançais et à peine avais-je la force de lui répondre. L’on peut dire que toute la classe tremblait devant elle, de manière que, quand elle entrait le matin et que tout le monde était pêle-mêle venant de déjeuner, elle frappait des mains, chacune courait à sa stalle et l’on aurait entendu une mouche souffler.

» Quand nous lui faisions la révérence, en entrant au chœur, je cherchais à lire dans ses yeux, et quand je croyais les voir sévères, j’étais aux champs ! J’avais l’habitude de ne traverser jamais la maison qu’à bride abattue ; quand je rencontrais madame de Rochechouart, je m’arrètais tout court ; alors, quand elle me regardait, comme son regard naturel est assez sévère, je me figurais que je lui avais déplu et je revenais tout éplorée à la classe disant : « Ah : madame de Rochechouart m’a fait les grands yeux ! » Les autres me disaient : « Tu es folle, veux-tu qu’elle diminue ses yeux quand elle doit te rencontrer ? »

» On raconta cela à madame de Rochechouart. La fois d’après, quand elle me vit, elle m’appela et