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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/68

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

ses histoires sans en omettre une seule syllabe. Toute la classe bleue se mettait à genoux autour de moi, pour mieux entendre, et l’on a vu même des demoiselles blanches qui écoutaient aussi.

» Quand j’avais fini les histoires de madame Sainte-Bathilde, je racontais celles de ma grandmère qui ne finissaient jamais, car je composais à mesure tous les événements, qui étaient bien curieux.

» Pour madame Sainte-Bathilde, il n’y avait personne pour remplacer l’attention que je donnais aux innombrables histoires dont elle inondait la classe, quoique madame de Rochechouart l’ait priée plusieurs fois de cesser les contes bleus qu’elle faisait aux pensionnaires, qui les rendaient crédules et peureuses. C’était plus fort qu’elle, tous les jours elle recommençait ; tantôt elle avait vu, tantôt c’était quelqu’un de ses amis ; enfin elle nous raconta une histoire qui pensa la faire retirer de la classe. C’était peu de temps après la mort du curé de Saint-Eustache, que l’on avait trouvé mort le matin dans son église. Le vicaire de Saint-Eustache, nommé M. Giron, venait souvent voir madame Sainte-Bathilde. Les pensionnaires l’avaient vu traverser la cour plusieurs