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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/71

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

ils furent au curé pour le ramasser, mais ils le trouvèrent mort. Ils prirent donc le parti de laisser là le cadavre et sortirent de l’église. » Les pensionnaires ayant raconté cette histoire à différentes personnes, elle revint à madame de Rochechouart qui fit venir madame Sainte-Bathilde et la traita du haut en bas, lui disant qu’au premier chapitre qui serait tenu, elle la ferait ôter de la classe.

Il ne faut pas se figurer que la croyance aux sorciers était seulement l’apanage d’une vieille religieuse crédule. À cette époque, au contraire, elle était fort répandue et les gens les plus intelligents ne dédaignaient pas de les consulter. Le duc d’Orléans et le prince de Ligne lui-même voulurent connaître le fameux Etteilla. Le prince dit dans ses Fragments de Mémoires inédits : « Je suis bien fâché d’avoir fait si peu d’attention aux prédictions du grand Etteilla. Ce sorcier arrivait à Paris. Je menai chez lui M. le duc d’Orléans, rue Fromenteau, à un quatrième. Il ne pouvait nous connaître ni l’un ni l’autre. Je sais bien qu’il lui parla trône, révolution, famille royale, Versailles, le diable, et je ne me souviens que confusément de tout cela. Il est vrai que cet Etteilla fit la peinture à madame de Mérode de ce