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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/79

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

et toute sa suite prirent leurs jambes à leur cou et s’enfuirent. Le soir, nous fûmes en grande cérémonie reporter à madame l’abbesse sa croix et sa bague, et nous quittâmes nos habits monastiques. La même fête fut répétée le jour des Innocents et mademoiselle d’Aumont fut abbesse. À propos de cette crainte que nous avions de déplaire à madame de Rochechouart, madame Sainte-Delphine avait coutume de dire qu’il n’y avait point de monarque d’Asie dont le gouvernement fut plus despotique que celui de sa sœur, et il est vrai que c’était un culte que nous lui rendions, et je dois dire à sa gloire que c’était moins aux personnes qu’elle commandait qu’aux esprits, car elle grondait peu et punissait avec justice. Mais on était intimement convaincu qu’il était impossible qu’elle eût tort en rien, et la confiance qu’elle inspirait était sans bornes. On n’a pas idée à quel point allait l’enthousiasme de la classe pour madame de Rochechouart, on s’était exalté la tête sur l’honneur qu’il y avait à avoir une aussi grande dame pour présider à notre éducation.

» Les autres maîtresses qui dépendaient d’elle avaient toujours son nom à la bouche, comme celui d’une divinité qui punit ou qui récompense.