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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/8

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III
INTRODUCTION

étourdi était sûr d’une réprimande. » De là venaient cette rare politesse, ce goût exquis, cette mesure dans la discussion et dans la plaisanterie, qui classaient ce qu’on appelait la bonne compagnie.

Après avoir constaté l’importance du rôle des femmes à cette époque, la première question qui se présente à l’esprit est celle-ci : quelle éducation avait si bien préparé les jeunes filles à exercer, une fois mariées, une telle prépondérance ? où avaient-elles puisé cet art consommé des usages et du bon ton, l’habitude de cette conversation qui effleurait les sujets les plus légers ou creusait les plus graves avec une aisance et une bonne grâce, dont mesdames de Luxembourg, de Boufflers, de Sabran, la duchesse de Choiseul, la princesse de Beauvau, la comtesse de Ségur et tant d’autres étaient de parfaits modèles ? Cette question est d’autant plus difficile à résoudre, que si les mères s’occupaient avec grand soin de l’éducation de leurs fils, nous ne voyons point qu’elles se mêlassent de celles de leurs filles. Cela tenait à une cause fort simple : les jeunes filles, à cette époque, et surtout dans la noblesse, n’étaient jamais élevées dans la maison paternelle ; mises au couvent dès l’âge de cinq ou six