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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/96

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

Saint-Jérôme ; comme elle avait la peau fort noire et dom Rigoley aussi, quelques-unes s’avisèrent de dire que, si on les mariait ensemble, il en viendrait des taupes et des négrillons. Quoique ce fût une grande bêtise, cette plaisanterie devint si fort à la mode, que l’on ne parlait que de taupes et de négrillons dans toute la classe et, quand on se disputait, on se disait : « Me prends-tu pour une » taupe ou pour un négrillon ? »

» Cependant comme c’était principalement dans notre classe (la blanche) que cette plaisanterie s’était faite et que quelques-unes de nous étaient fort en dévotion parce que le temps de la première communion approchait, nous nous reprochâmes fort cette plaisanterie ; nous résolûmes donc de la dire à confesse ; mais, comme nous étions une trentaine de coupables, nous fîmes une lettre dans laquelle nous disions que nous avions péché contre la modestie et contre la charité en disant que, si dom Rigoley épousait madame de Saint-Jérôme, il en viendrait des taupes et des négrillons, et nous l’envoyâmes à dom Thémines. Cela fut su dans la maison, on rit beaucoup de cela, mais madame de Saint-Jérome prit la classe blanche en horreur ; au reste, il n’y avait pas une pensionnaire qu’elle aimât et dont elle fût aimée,