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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/132

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LES ÉGAREMENTS


même je connais notre malheur commun. On soupire, on s’effraie, on me demande pardon ; on a recours à des ressources inutiles : on s’excuse, on cherche à se rassurer ; mais la honte ne donne jamais de force : j’en suis pour mes simagrées, et m’être rendue en pure perte.

Un petit-maître adroit se serait tiré de là par quelque fade plaisanterie ; et prétextant un mérite trop court, il m’en aurait voulu faire tirer quelque induction avantageuse pour lui. Mais, après un long silence, il se retira, aussi pénétré que j’étais de mauvaise humeur ; au moyen de quoi nous nous séparâmes tous deux fort mécontents de lui, non sans que son désespoir m’eût encore jetée dans un autre embarras ; car il me fallut, pour lui sauver une partie de sa confusion, rappeler tous les lieux communs dont on se sert en pareil cas pour excuser ces sortes d’accidents : mais j’avais beau prétexter le trop d’ardeur, certain âge, quelque usage de la vie n’annonçaient que trop un tempérament bien opposé au mien. Je conservai néanmoins assez de présence d’esprit pour tourner la chose en plaisanterie : je me félicitai de l’aventure, je réparai mon désordre en ricanant un j’en suis bien aise des plus faux ; car en vérité l’état où m’avait mise sa tentative demandait un plus heureux succès : quoique le cœur