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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/133

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DE JULIE


ne fût point de la partie, les sens étaient très disposés à faire les honneurs de l’amour. Huit mois s’étaient écoulés depuis le départ de sieur Valérie et la fuite de Bellegrade, pendant lesquels tous les amusements imaginables ne m’avaient pas empêchée de sentir qu’il me manquait le plus essentiel à mon tempérament. Aussi le sentiment dont M. Démery m’avait si souvent fait l’éloge, et sur lequel il prétendait mesurer la force de sa passion, ne me parut-il plus depuis qu’un faux brillant, dont on doit avoir soin de se défier.

L’agitation où m’avait mise cette scène m’avait d’abord étourdie sur ce qui pouvait blesser mon amour-propre ; mais il me vint après dans l’esprit que j’avais peut-être à partager sa confusion : cette pensée m’amena bientôt à un examen de mes charmes, sur lesquels mon miroir eut soin de rassurer ma vanité. Non contente encore de ma toilette, je sonnai Rose, ma femme de chambre, à qui j’ordonnai de préparer le bain. J’y descendis, moins pour me rafraîchir que pour me tranquilliser l’esprit. C’était une petite salle ornée de grandes glaces propres à mon dessein ; je m’examinai longtemps, je me plus, me trouvai telle qu’il fallait être pour exciter des désirs ; je le sentis au feu qu’allumaient en moi mes propres regards : je

  
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