Aller au contenu

Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
LES ÉGAREMENTS


me parcourus avec autant de goût que d’avidité. Je ne pouvais concevoir l’anéantissement de M. Démery ; il ne me paraissait pas naturel. Cette vérification m’avait insensiblement remise dans l’état où il m’avait laissée : je sortais de l’eau, j’y rentrais dans une agitation… une ardeur que je ne puis comparer qu’à ces moments critiques où nous ne savons rien refuser. J’étais bien éloignée de soupçonner ce que le hasard me réservait. Rose était déjà trois ou quatre fois entrée dans le cabinet sous différents prétextes ; mais d’un air inquiète, qui troublait l’heureuse disposition où je me trouvais : il fallait qu’il y eût une étrange altération sur son visage pour m’en être aperçue dans un temps où je n’étais occupée que de moi. Ses instances pour me remettre au lit me fatiguèrent, je lui dis que je voulais être seule, et lui ordonnai de ne point venir que je ne sonnasse. Elle ne fut pas plutôt dehors que je pris la précaution de m’enfermer, pour satisfaire, comme auparavant, mon caprice. Rien ne m’échappait, au moyen de la réflexion des glaces ; mon imagination échauffée me rappela quelques-unes de ces circonstances qu’on n’oublie jamais ; je me livrai à moi-même, je recherchai l’attitude malheureuse à laquelle avait échoué l’éloquence de M. Démery : tout m’y parut également