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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/144

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LES ÉGAREMENTS


plaisirs grossiers, qui lui étaient entièrement inférieurs ; qu’avec les gens sensés le tempérament n’était jamais l’organe du cœur, qui ne fait consister le vrai plaisir qu’en cette effusion réciproque, cette intimité solide que rien ne peut altérer ; que ce qui le chagrinait tant n’avait, après tout, rien d’humiliant qu’avec des femmes perdues, qui n’apprécient le mérite d’un homme que par la nature de sa complexion.

Ce raffinement de délicatesse, que mon âge et ma figure n’avaient assurément pas l’art d’appuyer, ne laissa cependant pas de le rassurer : il me témoigna combien il était sensible au soin que j’avais pris de prévenir son embarras ; me dit que, malgré toute la justesse de mon raisonnement, il fallait de l’effronterie et de l’habitude pour n’être pas déconcerté en pareille occasion, quoique cependant les effets du trop d’ardeur fussent clairement démontrés. Je convins avec lui du premier mouvement dont une vanité malentendue se rend toujours maîtresse ; mais je trouvai du ridicule à traiter sérieusement de pareilles misères, et lui établis l’indispensable nécessité de régler à ce sujet sa façon de penser sur celle des personnes qu’on fréquente. La conversation fut soutenue de ma part avec un air de vérité et un fond de raison qui acheva de