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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/143

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DE JULIE


de l’inquiétude à son sujet, et me rendis à son appartement, que je me fis ouvrir. Rien de plus à propos que ma démarche pour son état : qu’elle le soulagea ! Inquiet et humilié tout ensemble, il n’osait me regarder ; rougissant de la mauvaise impression qu’il m’avait laissée, il s’en estima d’autant plus malheureux, qu’il m’assura ne s’être jamais trouvé en pareil cas. À quoi je lui répondis que j’avais apparemment le don d’opérer des prodiges. Il sentit toute l’amertume de cette plaisanterie, et prenant le parti du silence, il ne la soutint qu’en homme qui connaît son tort. Il n’y avait effectivement qu’une réparation solide qui pût faire oublier le passé ; mais malheureusement une faute en entraîne toujours une autre : rarement les forces renaissent-elles de l’abattement, un succès dépend souvent de la sécurité avec laquelle on entreprend. Aussi je ne négligeai rien de ce qui pouvait le consoler. Je lui représentai sérieusement le tort qu’il me ferait en me jugeant capable de penser aussi communément que la plupart des femmes ; je lui rappelai que mon attachement pour lui, fondé sur l’estime et sur la reconnaissance, était trop détaché des sens pour être sensible à ce qui faisait le sujet de son chagrin ; que le sentiment épuré souffrait, avec raison, quand on le voulait subordonner à des