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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/169

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DE JULIE


moindres libertés que je me permettais devant elle. Depuis cinq mois qu’elle était avec moi je n’avais rien négligé pour l’engager à me regarder plutôt comme sa compagne que comme sa maîtresse. J’eus grand soin qu’elle ne me quittât pas dans quelques parties de campagne que nous fîmes chez nos amis pendant le reste de la belle saison, après laquelle nous nous confinâmes tout à fait en ville, où nous ne négligeâmes rien à notre ordinaire pour bien passer notre temps : jeu, spectacle, concert, société choisie, pleine satisfaction de la part de M. Démery, continuel enjouement de la mienne, tout contribuait à nous faire rechercher. Nous avions grand soin de varier nos amusements. À ces soupers fins, dans lesquels le champagne fait les honneurs de la bagatelle, nous en faisions succéder de plus sérieux, dans lesquels quelques savants nous occupaient plus utilement. Le goût infini que j’avais pour ces conversations faisait disparaître la petite-maîtresse : je dévorais ces entretiens philosophiques, où l’homme, dépouillé du préjugé, approfondit et raisonne de bonne foi.

Je me plaisais à entendre démontrer ces vérités auxquelles la plupart ne se refusent que par amour-propre ; et en effet, qu’une chose soit humiliante, est-ce une raison pour qu’elle cesse d’être ce qu’elle est ? Le Don Quichotte d’une