elle se tînt retranchée ne me laissa que fort peu
d’avantage. Il y avait de quoi s’intriguer d’une
résistance aussi opiniâtre ; car enfin les jeunes
filles sont toutes les mêmes, et celle-ci n’avait
rien dans ses yeux et sa physionomie qui ne
démentît toutes ses simagrées : d’ailleurs l’occasion
dans une passade supplée au goût décidé
qu’on n’a pas pour une chose. Ne voulant cependant
pas l’effaroucher, je finis mes tentatives
avec d’autant plus de curiosité que je l’avais
moins satisfaite, bien résolue toutefois de la
surprendre à propos. J’en étais aux soupçons,
sans trop savoir quel en devait être l’objet ; on a
peine à s’imaginer qu’une fille comme une autre
soit sotte à ce point-là : il est bien vrai que Cécile
m’avait dit n’avoir jamais été au couvent, ce
qui ne laisse pas de mettre au fait une jeune
personne, et lui former le goût. Je m’endormis
enfin, bien persuadée qu’elle n’en ferait pas de
même, et c’est où je l’attendais. Le lendemain
je badinai beaucoup sur ses difficultés mal entendues ;
elle se défendit assez mal, soupira,
et me fortifia encore par son embarras dans le
dessein de me satisfaire. Je savais qu’elle était
dormeuse, ainsi j’eus la malice de l’occuper tout
le jour, me doutant bien qu’elle ne pourrait
veiller une seconde nuit : ce qui arriva comme
je l’avais prévu ; car l’ayant encore obligée de
Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/173
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
DE JULIE