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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/172

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LES ÉGAREMENTS


était posée une petite figure de porcelaine. La prisonnière tirait après elle le filet et le magot, et les efforts redoublés pour s’évader faisaient le vacarme qui m’avait fait une si belle peur ! je crus que les éclats de rire ne finiraient plus. Cécile en pleurait, et j’en aurais ri d’aussi bon cœur moi-même, si quelqu’autre y eût été attrappé. Cette aventure, qui nous avait mis d’une humeur charmante, me fit naître une idée de laquelle j’essayai de tirer parti, après avoir renvoyé La Forest, auquel j’ordonnai de laisser de la lumière.

Quoique je fusse entièrement rassurée, je saisis cette occasion pour faire coucher Cécile avec moi, ce dont j’avais depuis longtemps envie : quelques légers prétextes qu’elle m’apporta pour s’en dispenser ne me rebutèrent pas ; j’insistai et lui dis que pour la punir de la tranquillité avec laquelle elle avait vu ma frayeur, j’étais absolument résolue à l’empêcher de dormir de la nuit. Après quelques façons il fallut se rendre : elle entra dans mon lit, où je commençai par lui faire toutes sortes de niches. Je l’agaçai, je la lutinai, je fus curieuse, je voulus qu’elle le fût : n’y a-t-il pas des moments où l’on est folle ? Je me rappelai ceux que j’avais passés avec Sophie, je désirai les retrouver avec elle : mais rien ne me réussit ; l’obstination avec laquelle