Aller au contenu

Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
156
LES ÉGAREMENTS

Il était aisé de juger, à quelques circonstances, combien il appréhendait d’être découvert ; mais aussi cette crainte, je n’en puis douter, était combattue par le penchant que je lui avais inspiré. Hélas ! il n’avait pas affaire à un juge sévère ; que n’aurais-je point pardonné pour lors à un si cher coupable ! J’attendis avec émotion qu’il plût à mademoiselle Cécile de rêver encore une fois, mais inutilement : il fallut malgré moi m’en tenir à ce qui s’était passé. Je m’aperçus même à quelques mouvements qu’elle remédiait au désordre du songe qu’elle venait de faire. Que la nuit me parut longue ! il ne me fut pas possible de fermer l’œil ; je ne fus jamais plus éveillée : je m’occupai de la manière dont je m’y prendrais pour avancer le dénouement. Je n’étais pas en état de souffrir des longueurs, et je ne différai que jusqu’au lendemain au soir, où je témoignai, dès que nous fûmes couchés, avoir quelque soupçon à son sujet : pour abréger même toutes les petites cérémonies, je feignis, tout en badinant, avoir reçu quelques avis au sujet desquels je voulais absolument m’éclaircir Je lui parlai avec cette bonté, cette tendresse engageante, si propres à rassurer ; je l’embrassai : je ne négligeai rien de ce qui pouvait l’animer. Je m’aperçus enfin que la timidité cédait à l’ardeur : elle voulut se reti-