Aller au contenu

Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
180
LES ÉGAREMENTS


monde de sa distraction, et me fit d’obligeantes excuses sur ses folies ; madame Renaudé et M. Morand ajoutèrent au petit compliment qu’elle me fit tout ce qu’on pouvait dire de plus gracieux à mon sujet. Après quelques propos vagues, il fut question du pays, des connaissances que j’y avais, du temps que j’en étais sortie. Plus je fixai attentivement mademoiselle Beauval, plus ses traits et le son de sa voix me frappèrent ; je ne doutai plus, et bien persuadée qu’elle ne me reconnaissait point, je l’intriguai : je plaisantai sur ce qu’elle ne voulait sans doute pas me remettre ; et sur les instances qu’elle me fit de lui apprendre à qui elle avait l’honneur de parler, je lui signifiai, en m’aprochant d’elle, que je ne la satisferais point qu’elle ne m’eût donné des nouvelles de Sophie ; car mademoiselle Beauval n’était autre que cette Sophie que je quittai avec tant de regret en partant de… L’embarras dans lequel la jetèrent les conditions que j’attachais à l’éclaircissement qu’elle me demandait, fut une nouvelle scène pour ceux qui étaient présents. Ne doutant plus d’être connue, elle m’embrassa, me fêta de nouveau, réunit sur moi toute son attention pour se rappeler mes traits ; mais inutilement : quelques années écoulées depuis que je l’avais quittée m’avaient considérablement changée,