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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/208

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LES ÉGAREMENTS

J’envoyai chercher Vépry, auquel elle fît mille caresses : nous dînâmes, et vînmes passer la journée chez madame Renaudé, où nous nous donnâmes encore réciproquement des preuves du plaisir que nous avions de nous revoir. Pouvais-je, hélas ! m’imaginer que cette rencontre m’exposerait à tant de chagrins ?

Le lendemain j’envoyai Vépry chez la Beauval, vers les onze heures du matin, pour l’engager à venir passer l’après-midi chez moi : ce fut là que commença un enchaînement de circonstances qui me menèrent de la dernière surprise à la plus vive douleur. Une demi-heure après que Vépry fut sorti je le vis rentrer avec toute l’émotion d’un homme à qui il vient d’arriver quelque chose de fort extraordinaire. Je viens de le rencontrer, me dit-il ; c’est lui. Et qui, lui ? repartis-je. Mon frère, me répondit-il, vient de partir pour Aix tout présentement : je lui ai parlé comme il descendait de chez elle. Ne comprenant pas encore ce qu’il voulait dire, je le fis s’expliquer plus clairement ; il m’apprit enfin que le prétendu de mademoiselle Beauval, M. Andricourt, n’était autre que son frère ; qu’il venait de le reconnaître et l’entretenir à la porte de la rue ; qu’il ignorait pourquoi il lui avait recommandé de n’en rien dire en haut ; que ce ne pouvait être sans doute que pour