Aller au contenu

Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
DE JULIE


le spectateur, tout contribue ces jours de choix à brillanter le spectacle ; il est du bel air d’y assister, c’est l’étiquette : ainsi je m’imaginai que j’y pourrais rencontrer nos amants. La difficulté était de m’y présenter : une femme seule se fait trop remarquer ; je n’avais point de connaissance, j’engageai mon hôtesse à me tenir compagnie. C’était un lundi, nous nous fîmes mener aux Français. Nous fûmes obligées, faute d’autres places, de monter aux secondes, où une demi-heure après je reçus le coup de la mort. Munie d’une lorgnette, j’examinais toutes les loges ; dissipée même par le brillant dont elles étaient remplies, j’en admirais le coup d’œil, lorsque le bruit qu’on fit en ouvrant la troisième des premières, qui faisait face à la nôtre, me retira de ma distraction. Tout le cercle fixe déjà une curieuse attention sur ce qui va paraître : quel moment ! je vois entrer sieur Valérie de côté, dans l’attitude d’un homme qui présente la main à quelqu’un qui le suit. Je m’avance, je m’impatiente, mes regards avides cherchent, dévorent et tombent enfin sur la Valcourt qui, d’un air triomphant, se prête à peine aux attentions qu’on a pour elle. Que la jalousie nous rend injustes ! Quel sujet avais-je de me plaindre ? Mon procédé ne l’avait-il pas dégagé des serments qu’il m’avait faits de n’aimer jamais que moi ? Que n’eus-je cependant