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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/240

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LES ÉGAREMENTS


point en ce moment sacrifié à ma vengeance ? Que la Valcourt me parut odieuse ! que ne m’en coûta-t-il point pour être témoin de leur amour ! Rien n’échappe à la pénétration d’une rivale ; le moindre mot, le moindre signe me perçait le cœur. C’en est donc fait, me dis-je en moi-même, il n’est plus pour moi d’espoir ; car il n’était pas douteux que la Valcourt ne se fût établie sur ma ruine, et qu’elle n’eût, pour y mieux réussir, informé sieur Valérie de mon intrigue avec Bellegrade ; qu’elle ne l’eût encore surchargée de particularités propres à me rendre odieuse. C’est ce que me prouva bien la suite ; elle abusa de mon secret pour effacer les moindres impressions qui auraient pu lui rester en ma faveur.

Le spectacle fini, nous nous fîmes ramener chez nous, où je feignis quelque indisposition pour être seule, et me soustraire aux ennuyeuses dissertations de mon hôtesse, qui me jurait avec une piété angélique, qu’on ne donnerait jamais à Phèdre l’absolution de son scandaleux appétit pour Hippolyte.

Que ne devins-je point lorsque, revenue de cette frénésie qui m’avait tant agitée, je pus réfléchir paisiblement sur ce qui venait de se passer ! Quelle triste comparaison de mon état à celui des deux objets qui me déchiraient le