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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/30

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LES ÉGAREMENTS


miens ; je n’eus cependant pas lieu de m’en plaindre, je ne perdis rien pour attendre : et si ce moment fut reculé, ce ne fut qu’avec plus de plaisir que j’en ressentis l’effet.

Il est inutile d’entrer dans le détail d’un nombre d’affaires assez mal en ordre qui précipitèrent notre voyage pour Paris : peut-être nos fonds trop altérés ne nous auraient-ils plus permis d’entreprendre la route, si notre séjour en province eût été plus long. Ma bonne tante qui raisonnait assez juste sur ce qui tendait à me faire valoir un jour, prévoyait sagement qu’il n’est qu’un Paris pour toutes sortes d’entreprises : la sienne demandait effectivement un lieu où le théâtre de la volupté pût fournir l’occasion d’exposer avantageusement les talents de son élève pour la coquetterie : ainsi notre départ fut conclu et remis à trois jours. Il me fallut quitter Sophie dans un temps où je commençais à en sentir plus que jamais la douce nécessité ; nous fîmes nos adieux : non sans beaucoup de regret, je partis de la Province de…… en emportant encore ce que je n’avais pu y laisser.

Le carrosse où ma tante avait précipitamment arrêté une place, était rempli de façon à ne pas être à notre aise : il fallait, de convention au bureau, qu’elle me tînt sur ses genoux, ce qui était assez incommode pour une route de quel-