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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/43

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DE JULIE


ménager une entrevue lorsqu’on ne peut seulement parvenir à se rendre un billet ! Le temps me détermina cependant à lui écrire ; je risquai tout, et quoique observée de fort près, je lui traçai les quatre mots suivants sur un papier que je lui jetai par la fenêtre.

« Je ne vois rien de plus propre à autoriser mon amour et ma démarche, que la passion que m’ont témoignée vos assiduités. Jugez de mon état par le vôtre : je sens bien quelle est mon imprudence de me livrer avec cette ouverture de cœur à quelqu’un dont je ne puis juger que par l’apparence. Je ne «m’amuserai point ici à vous peindre ma tendresse ; l’excès seul peut m’excuser. Puisse un tendre retour me rassurer ! Voyez, imaginez quelques moyens de m’écrire : que je sache au moins de qui je suis occupée. JULIE. »

L’accident qui arriva à ce malheureux billet me fit rire sur-le-champ, mais manqua me coûter après bien des larmes. Ayant, comme j’ai dit, jeté cette lettre par la fenêtre, mon malheur voulut qu’un gros barbet qui suivait son maître passa dans le même temps qu’elle tomba. Sieur Valérie, qui ne s’y attendait pas, ne put être aussi prompt à la ramasser que le chien, qui, s’étant jeté dessus, ne voulait point lâcher prise. Le temps n’était pas des plus propres ;