Aller au contenu

Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
LES ÉGAREMENTS


il se vit bientôt, par l’entreprise du barbet, aussi crotté que l’animal même, qui tenait toujours bon. Rien n’était plus plaisant que de voir un homme proprement mis lutter contre un opiniâtre canard, qui par ses secousses réitérées distribuait à droite et à gauche les profits de sa laine. Quelques rieurs présents à ce démêlé de chiens n’adoucirent par sieur Valérie, qui déjà outré de cette résistance et de l’état où il se voyait, chargea l’animal avec autant de furie que s’il eut été son rival. Le maître, qui jusque-là ne s’était point montré, prit bientôt parti ; la querelle s’échauffa et ne finit que par un coup d’épée qu’il reçut. La populace, émue comme à l’ordinaire, murmura de la chose, sans remonter au principe, et sieur Valérie fut, je crois, fort prudent de gagner le large : le quartier était déjà en émeute, et j’eus la douleur d’entendre déclamer contre mon amant la Daigremont et la Château-Neuf, que le bruit avait, comme tout le monde, attirées aux fenêtres.

Cet accident imprévu l’empêcha d’approcher du quartier de plus de quinze jours, qui me parurent éternels : heureusement encore que le champ de bataille lui demeura. Je n’ai rien dit de l’agitation où cette scène m’avait réduite : elle est plus facile à ressentir qu’à exprimer. La violence de ma passion me