Aller au contenu

Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
LES ÉGAREMENTS


paya l’hôte et nous montâmes en carrosse. Malheureusement pour M. Poupard nous étions quatre ; je n’ai que faire d’expliquer pourquoi il eût souhaité que nous eussions été cinq, cela se devine assez : ainsi nous rentrâmes en ville avec toute la modestie et la continence imaginables. Qu’on ne hoche point la tête, je n’en ferais point la petite bouche : sur le pied de sincérité avec lequel je me suis jusqu’ici annoncée, on peut m’en croire sur ma parole.

M. Poupard, dont l’esprit ne pouvait rester oisif, nous proposa une partie de pied-de-bœuf, que l’on accepta, et ce fut en vérité le seul jeu de main auquel nous nous amusâmes. Il trouva néanmoins le moment de m’assurer d’un goût décidé et d’un attachement inviolable, si je voulais essayer de l’aimer, me jurant qu’il était homme à me faire trouver toutes les douceurs imaginables dans un commerce dont il me laisserait la maîtresse de régler les articles : puis engageant généralement la conversation, il se précipita rondement dans le détail de ses biens, éleva son crédit, vanta ses châteaux, nomma ses terres, et exagéra son opulence. Il faisait nuit, et j’avouerai franchement que mes oreilles se trouvèrent aussi flattées de l’énumération de ses biens, que mes yeux avaient été scandalisés de sa figure ; déjà même je ne trou-