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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/61

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DE JULIE


vais rien d’impossible qu’une honnête composition pût en lui corriger les iniquités de la nature. Quel exemple de faiblesse ! quelle dépravation de cœur ! Je le confesse à ma honte, éblouie par l’ambition et la vanité, qu’il me jurait de si bien satisfaire, je ne songeai plus qu’à ma nouvelle grandeur. Que ne peut sur notre sexe cette avidité de richesses, quand l’éducation ne nous dicte point nos devoirs ! Cet homme qu’auparavant je trouvais unique dans sa laideur, me parut supportable quand mon imagination me l’eut présenté surchargé des avantages qu’il me promettait. Je craignis… oui, je tremblai qu’il ne se méprît lui-même à l’aveu de son penchant pour moi : je n’ose le dire ; mais enfin il est vrai que dans cet instant j’aurais voulu ne pas le quitter sans l’avoir mis dans le cas de la reconnaissance. Sieur Valérie oublié ne m’occupa plus auprès de lui qu’autant de temps qu’il en fallait pour comparer son infériorité. Ces lâches réflexions à la vérité ne durèrent pas longtemps, je rendis bientôt à mon cœur ce que la fortune, ou plutôt l’avarice, voulait lui enlever ; et si je cédai par la suite, je ne travaillai du moins pas à accélérer ma défaite, mon infidélité fut moins l’ouvrage de mes propres sentiments que l’effet des pièges inévitables auxquels je succombai.