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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/65

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DE JULIE


m’emporte, sans songer que je la discrédite. Remontons à la Daigremont, qui me témoigna vivement la surprise que lui causa mon silence. Qu’on juge de ma légèreté ; je ne songeais déjà plus aux aisances et au fastueux étalage qui m’avaient d’abord tant flattée : ces idées d’opulence s’étaient aussitôt évanouies qu’elles avaient été conçues.

La Château-Neuf, voyant que la Daigremont n’avait pas l’art de me persuader, se mit de la partie, et réussit d’autant mieux à me faire goûter ses raisons, qu’elle les exposa avec plus d’adresse et moins de chaleur : sans blâmer la façon de penser de ma tante, elle ne parut point désapprouver la mienne, qui jusque-là ne s’était déclarée que par mon silence. Elle me fit entendre que les circonstances pouvaient quelquefois faire tolérer ce qui paraissait souvent condamnable ; qu’il était de certains arrangements permis de se faciliter, et que nos actions prenaient différentes formes, suivant les vues dont nous les dirigions ; qu’il était de la dernière simplicité de se refuser à un honnête engagement, quand la prudence l’ensevelissait dans le secret ; qu’on ne devait se révolter que contre l’éclat ; qu’on n’était point obligé, pour se faire estimer, de s’enterrer, et de faire divorce avec le monde ; qu’il y avait des usages établis, qu’il

  
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