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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/67

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DE JULIE


mon amant se présenta à mon imagination, mais furieux, mais outré, réclamant ses droits, et me reprochant déjà mon infidélité. Hélas ! peu accoutumée aux remords, il me semblait que tout m’accusait. À ces agitations succéda une tendre langueur, où mes soupirs me tinrent lieu du reste : un léger sommeil m’y surprit, et l’amour, toujours présent, accepta le sacrifice qu’il lui offrit.

Mon premier soin le lendemain se tourna vers sieur Valérie ; j’attendis constamment à ma fenêtre l’heureux moment qui devait me l’amener. Il arriva enfin, et je lui jetai un billet, dans lequel je lui marquai qu’il trouverait le soir, au-dessous de ma fenêtre, une corde à laquelle il pouvait attacher sa réponse. Je n’étais pas quitte des contretemps. Quand le hasard, contraire à nos mesures, aurait pris à tâche de nous désorienter, il n’aurait assurément pas mieux réussi. Le soir, ayant inutilement cherché de la corde, il me tomba sous la main un paquet de mignonnette que je déployai, et dont je laissai pendre une partie, à laquelle furent bientôt confiés les secrets de nos amours ; mais quand un moment après je vins à retirer ma dentelle, un malheureux clou l’arrêta, et le premier effort que je fis la partagea en deux : je n’en retirai qu’un morceau, et l’autre resta aux