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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/79

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DE JULIE


son bonheur, il devint heureux et me mit bientôt par son ardeur au point de lui demander moi-même ce qu’auparavant je faisais semblant de lui refuser. Ce sont de ces situations où il n’y a point de jolies femmes qui n’excusent la faute qu’elles entraînent : je m’en rapporte à celles qui liront mes aventures. Ce passage de ma vie doit infailliblement leur rappeler quelque moment de la leur. Nous passâmes quatre heures entières à répéter nos plaisirs, sur lesquels nous nous trouvâmes toujours d’accord. Mon amant se retira, et je m’endormis aussi satisfaite qu’on peut l’être en pareille occasion : je ne m’en trouvai le lendemain que plus jolie, le teint clair, l’œil vif, le cœur gai, excepté la démarche un peu embarrassée. Je me trouvai accomplie, je me plus ; j’eus cependant à réparer quelques désordres inévitables, auxquels je ne m’étais pas attendue.

Le soir M. Poupard vint faire sa visite, et nous demander si les étoffes étaient de notre goût ; à quoi je lui répondis gracieusement qu’il faudrait être bien difficile pour n’y pas trouver tout le prix dont sa main les augmentait. Ah, ah, me dit-il ! ma main est bien votre servante ; ce n’est rien que cela : si je ne craignais de fâcher vos Bonnes… Ne vous gênez point, Monsieur, lui dis-je ; on peut leur faire entendre rai-