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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/80

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LES ÉGAREMENTS


son. Et moi, hem, me dit-il à l’oreille, ne m’entendrez-vous jamais ? Je lui fis signe qu’on nous écoutait, et sa présence d’esprit lui fit changer la conversation ; mais il se trouva bientôt à même de recommencer, car la Château-Neuf s’étant retirée, donna un champ libre à ses transports, avec lesquels il me fallut bien commencer à m’apprivoiser. J’eus cependant soin de régler mes complaisances : il m’avait galamment donné la petite oie, je lui laissai prendre sa revanche ; et sans le satisfaire, je le mis dans l’état du désir le plus ardent. La proximité de ses mains m’avait familiarisée avec ses petits meubles, et voici la ruse innocente dont je me servis pour m’approprier honnêtement certain brillant qu’il avait au doigt. Comme la vivacité de son geste se proportionnait à la résistance que je lui opposais, je feignis, avec toutes les démonstrations d’une vive douleur, avoir été blessée de son diamant : le cœur me manqua, et je me mis dans un fauteuil pour m’évanouir plus à mon aise. Mon homme au désespoir, maudissant mille fois son malheureux brillant, me le sacrifia pour me témoigner son chagrin. Hélas ! je fus tout d’un coup désarmée : le feint abattement où je me trouvai lui facilita les progrès de son repentir ; sa main officieuse charma mon mal. Il me demanda vainement à le voir ;