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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/500

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décadence

femme qu’il adoroit : il s’étoit réfugié dans le lieu le plus retiré de son palais, et les conjurés l’avoient assez méprisé pour ne pas songer à l’y chercher.

Robert tomba dans le désespoir lorsqu’il revit, horriblement défigurée, la malheureuse victime de ses passions, et lorsqu’il se fut convaincu qu’il ne pouvoit la venger. Devenu incapable de régner, puisqu’il ne lui étoit plus possible de se faire obéir, il partit secrètement de Constantinople, laissant la régence à Anseau de Cahieu, l’un des seigneurs les plus distingués, et vint à Rome trouver le Pape dont il attendoit des consolations et des conseils. Grégoire IX, instruit de ses malheurs, le reçut avec bonté, lui donna des secours ; et, après quelques mois de séjour à Rome, pendant lesquels il espéra que l’Empereur feroit des réflexions sérieuses, il lui conseilla de retourner dans ses États, pour réparer sa honte par une meilleure conduite. La jeunesse de Robert pouvoit faire espérer qu’il profiteroit d’une si cruelle leçon : mais le chagrin s’étoit emparé de lui, les remords l’accabloient, il étoit effrayé des dispositions de ses sujets, frémissoit en pensant qu’il faudroit pardonner à ceux qui l’avoient outragé ; et son ame flétrie se trouvoit aussi incapable de faire oublier le passé, que de profiter de l’avenir. Il mourut en traversant l’Achaïe, étant à peine âgé de trente ans. [1228]

La princesse Eudocie, que les mépris de Robert avoient rendue très-malheureuse, ne voulut pas retourner à la cour de Vatace, ou ses deux oncles, privés de la vue, gémissoient dans une prison, et où les services de son père Théodore Lascaris étoient oubliés. Anseau de Cahieu, chargé de la régence,